Au loin, je vois..... Des navires dorés ?!

- Général, où en sommes-nous au sujet des flottes en poste près de Troie?

Le général se retourna. La peau brune, les cheveux noirs, il ne se distinguait pas des milliers d'autres égyptiens à bord des navires qui voguaient maintenant à quelques milles des côtes espagnoles. Seul son regard perçant et autoritaire le différenciait de ses hommes. Il s'inclina devant un homme de taille moyenne, son front ceint d'une couronne d'or brillante comme le soleil.

- Nos dernières informations indiquent qu'elles sont arrivées à destination selon vos ordres. Le trois-quart de la flotte reste à dix milles des côtes troyennes pour donner le change, mais le quart restant a accosté sur une plage de galets au sud de Troie.

- Bien, si la flotte du Commandant Horsep continue sur cette voie, la route vers les terres de l'est nous sera ouverte.

D'un signe de tête, il indiqua au Général de le suivre sur le pont. Le haut gradé obéit sans hésiter, honoré de faire partie de la suite du Pharaon. Le souverain, bien que jeune, avait déjà accompli des exploits dignes des plus grands héros. L'alliance formée avec les tribus d'Afrique centrale lui avait permis de former des milices de garde composées de ces guerriers barbares mais très habiles. Il pouvait maintenant se concentrer vers le nord, l'empire romain et l'Europe.
Un sourire satisfait s'afficha sur le visage de Kellran.

- Dans combien de temp arriverons-nous?

Le Général regarda sa carte et s'autorisa une approximation.

- Dans trois tours de sablier, nous serons en vue des côtes, mon Pharaon.

- Parfait...

Se tournant vers les marins et vers ses soldats d'élite, la fine fleur de combat d'Egypte, des guerriers entraînés depuis leur plus tendre enfance pour protéger le Pharaon, il dégaina son cimeterre et le leva bien haut. La lumière du soleil méditerranée l'éclaira dans toute sa splendeur, Horus bénissant leur voyage.

- Soldats d'Egypte, je vous ai choisis pour être ma garde personnelle. Je sais que vous en serez dignes, car je m'entraîne avec vous depuis plus de cinq ans. N'oubliez pas, les Romains sont un peuple civilisé et respectables, bien que comme dans toute histoire de peuple, il y eut des exceptions. Nous ne sommes pas là pour les mettre à genoux, mais bien pour arriver à un accord pacifique.

Ses hommes lui répondirent par un "Ah" crié avec toute la force de leur voix, et ils retournèrent à leurs occupations. Kellran acquiesça.

- Fais dire à tous les autres navires qu'ils se tiennent à distance. Je veux deux navires visibles depuis les côtes d'Espagne, le mien et celui des artisans et des commerçants. Ils ont voulu nous accompagner pour connaître l'artisanat local, je les comprends, l'Empire Romain est passionnant.

Le Général salua son souverain, un salut militaire et plein de respect, avant de disparaitre dans une des cabines. Le Pharaon s'accouda au bastingage, admirant le reflet du soleil dans les vagues. Ses yeux brillaient devant un tel spectacle, et son esprit surchauffait.
S'il jouait bien le jeu, tout se passerait bien. S'il jouait bien le jeu, alors...

*... l'Egypte sera plus florissante qu'elle ne l'a jamais été*

Les trois tours de sablier étaient maintenant passés, et les prévisions du Général se révélèrent exactes. Les côtes d'Espagne étaient visibles déjà depuis dix bonnes minutes, Kellran pouvait même distinguer un village côtier, presque une ville portuaire, et de nombreux bateaux de pêche prenaient la mer. Le Pharaon sourit, appréciant ce paisible spectacle à sa juste valeur. Il s'en serait voulu d'avoir à briser le calme qui régnait ici, même si en temps de guerre, il n'aurait eu d'autre choix.
Heureusement, il n'était pas là pour se battre. Le Général vint à sa rencontre, accompagné du sergent de l'escouade des "Casques Dorés", sa garde personnelle.

- La vigie nous a signalé un ponton où amarrer notre navire, Seigneur. Vous pourrez descendre à terre dans un quart d'heure.

Le Pharaon hocha de la tête et congédia le Général, puis se tourna vers le sergent.

- Je ne veux aucun incident durant notre séjour. Que les hommes se tiennent tranquilles.

Il posa une main sur l'épaule du chef d'escouade, conscient que ses mots pouvaient etre pour un soldat tel que lui.

- J'ai confiance en vous, je sais que vous ferez ma fierté, je préfère juste vous rappeler les règles.

Il éclata de rire, un beau rire clair et presque enfantin.

- Je me sentirais inutile moi sinon.

Le soldat s'autorisa un sourire, honoré autant que conquis par le naturel et la sincérité de son souverain.

- Ne vous inquiétez pas, ô Pharaon, votre confiance ne sera jamais trahie.

Il s'inclina et s'éloigna, laissant Kellran de nouveau seul. Le jeune homme avait maintenant sur le visage de la joie mais aussi l'appréhension de ce qu'il allait découvrir, et de comment il serait accueilli. Quelle serait la réaction des Romains et des Espagnols face à un étranger égyptien, le Pharaon qui plus est? Lui-même ne savait pas encore ce qui l'avait poussé à participer à ce voyage au lieu d'envoyer un émissaire, lui qui aurait normalement du se trouver en première ligne dans l'affrontement qui opposait ses hommes aux tribus barbares du Sud, ou diriger ses éclaireurs sur les terres de Troie en direction de l'Asie. Quoi qu'il en soit, il était ici maintenant, sur le sol de l'Empire Romain, et mènerait à bien la tâche qu'il s'était confiée.
Le navire accosta, le faucon d'or à sa proue frôlant presque une cabane en bois construite sans doute comme abri pour des filets et autres ustensiles.
Comme dernier discours à ses hommes, il leur demanda de ne jamais citer son nom ni son statut, ayant une idée qui arrangerait certainement certaines difficultés relatives à leur intrusion.

- Je suis ici en temps que négociateur, vous ne m'appelerez donc que sous le titre d'émissaire du Pharaon. Personne ne doit faire allusion à la présence d'un noble important ici, c'est bien compris.

Les hommes répondirent par l'affirmative, et Kellran put être satisfait.

- Bien, maintenant descendons et profitons de cette occasion pour découvrir une autre culture.

Kellran et sa suite débarquèrent, posant pied sur le ponton dont les planches de bois grincèrent fortement. Il voyait déjà au loin une silhouette s'approcher. Personne venant les accueillir? Ou ennemi?

Kellran n'eut pas le temps d'entamer la conversation que la jeune femme le faisait déjà.
En effet, la silhouette s'était précisée et quelle ne fut pas la joie des soldats de constater qu'on leur avait envoyé une femme pour les accueillir. Le Pharaon leur jeta un regard en coin, leur signifiant de se tenir tranquille. Il laissa poliment leur hôte terminer sa phrase puis s'inclina, sa main droite posée sur son torse, les deux pieds joints et l'autre main dans le dos. Il avait pris soin avant de descendre de revêtir son manteau d'un blanc immaculé, décoré du faucon cousu de fils d'or et de soie rouge. Il savait aussi que le symbole royal de l'Egypte était connu de tous les autres Empires comme étant une couronne bien spéciale, il n'était donc pas démasqué par sa propre couronne, plus diadème que véritable couronne d'ailleurs, mais qui était depuis peu le véritable symbole du rang de Pharaon.
Il s'inclina donc, imité bien vite par sa suite mais pas par ses gardes du corps, des soldats entraînés pour la protection et non pour le protocole.

- Je suis flatté de cet accueil si agréable, répondit le Pharaon avec un sourire sincère et sympathique. J'espère que nos navires ne vous ont pas effrayé, vous ou votre peuple.

Sa voix, bien qu'il n'ait pas élevé le ton, portait déjà sur tout le petit port. Plusieurs habitants parmi les moins peureux avaient donc le loisir d'écouter ses paroles.

- Sachez que nous ne venons pas en ennemis, loin de là. Mon Maître m'a envoyé en temps qu'émissaire pour vous faire une proposition.

Gardant pendant un temps très court le silence, il laissa ses paroles pénétrer l'esprit de la jeune femme et continua.

- Voilà, mon peuple a par bien des aspects l'honneur de posséder une culture qui se doit d'être glorieuse. Ses techniques de construction et d'architecture impressionnent pas mal de peuples, et le Pharaon Anhoutep II se fait fort de partager avec des peuples moins évolués cette culture qui fait notre gloire. Mais il est aussi charmé par la culture romaine, et particulièrement par vos bibliothèques et vos techniques d'aménagement des routes qui nous seraient profitables.

La suite de "l'émissaire" opina du chef, sentant dans les paroles de leur souverain une sincérité et surtout le réel intérêt qu'il portait à la culture romaine.

- Le marché est donc celui-ci: Partageons nos connaissances, chacun dans notre domaine, de manière équitable et profitable à nos deux peuples. Une alliance serait des plus bénéfiques à nos Empires, nous pourrions évoluer plus vite que tous les autres et nous étendre rapidement, nous renforcer. Grâce à vos méthodes de combats et aux connaissances guerrières égyptiennes, nous mettrions sur les routes des armées titanesques.

Kellran s'emportait, imaginant déjà la qualité de vie que son peuple pourrait connaître grâce à cet accord, la gloire qu'il obtiendrait en élevant l'Egypte au rang d'un Empire paradisiaque et sécurisé. Il aimait faire la guerre, bien entendu, son âme était et resterait celle d'un guerrier, mais il voulait combattre pour les bonnes raisons et pour de bons objectifs. Se calmant, il sourit de nouveau et hocha légèrement de la tête.

- Excusez-moi, je me suis laissé dépasser par mes émotions. Voyez...

Il tendit la main vers l'un des petits quais du port, où l'autre navire égyptien accostait maintenant. Selon ses ordres, tous les autres restaient hors de vue, ils n'agiraient qu'en cas de danger.

- Des artisans de mon pays sont venus ici à leur demande et selon le consentement du Pharaon Anhoutep, pour admirer votre travail et partager leurs connaissances. Tous, nous sommes passionnés par l'avenir de notre pays et par la grandeur de notre métier, mon souverain plus que quiconque.

Le Général intervint, prenant la parole de manière respectueuse après son Pharaon.

- Vos navires sont puissants et bien armés, vous avez des marins talentueux. Il me serait agréable de pouvoir discuter avec eux, osa-t-il demander, appuyant de ce fait tout ce qu'avait dit Kellran auparavant.

Kellran n'était pas déçu. En effet, la négociatrice paraissait intégrer parfaitement l'idée de l'accord et promettait un accueil de l'Impératrice elle-même. Le souverain n'aurait pu rêvé mieux, si un petit événement n'était pas venu rajouter du piment.
En effet, le vent se leva et apporta quelques éclaircissements à la situation en cours. Une couronne de lauriers apparut, auparavant dissimulée par la capuche de la jeune femme qui venait de pâlir.
Son excuse aurait pu passer dans l'esprit de simples villageois, mais le Pharaon était trop intelligent pour ne pas comprendre qu'il n'en était rien.
Tout d'abord, il savait que la couronne de lauriers était symbole royal à Rome. Il avait même eu la curiosité de réfléchir un jour au pourquoi et au comment, pourquoi les lauriers? Et comment faisaient-ils pour le conserver? Ensuite, il se doutait qu'une simple lettre frappée au sceau de l'Impératrice pouvait ouvrir toutes les portes de l'Empire, nul besoin de la couronne donc.
Mais qu'importe, Kellran s'inclina de nouveau, dissimulant un sourire.

- Ne vous inquiétez pas, ce petit incident trouble plus les habitants qu'il nous étonne.

Un geste destiné au Général le fit partir en direction du navire, suivi de quelques hommes d'équipage. Il était déçu de devoir reporter sa conversation avec les marins romains, le Pharaon le sentait. Il se promit doucement de parvenir au plus vite à un accord pour que ce fidèle guerrier puisse obtenir audience avec les généraux navals de Rome à Pise. Kellran se tournait maintenant vers son corps de garde et plus particulièrement vers le sergent de l'escouade.

- Je pense qu'il est inutile de vous faire attendre plus longtemps, vous pouvez disposer soldats. Laissez vos lances au navire, ne gardez que vos épées, vous avez quartier libre.

Il marcha alors vers la "négociatrice", enlevant lui-même sa capuche blanche pour libérer ses cheveux bruns noisette teintés de blond. La couronne ne lui serait d'aucun danger, il en était certain, car hormis le métal dans lequel elle était faite, rien ne l'indiquait comme étant un symbole royal. Il avait déjà vu de riches marchands grecs porter ce genre de bijoux.

- Vous savez... Le Pharaon aurait particulièrement aimé être là aujourd'hui, et discuter avec vous. Mais une affaire urgente l'ayant retenu sur la rive est du Nil, il m'a dépêché moi pour le représenter en temps que négociateur. Ma passion pour les cultures étrangères, les traditions, l'artisanat, et les liens forts que j'unis avec mon souverain l'ont convaincu que je mènerais à bien ma tâche auprès de vous.

A l'aise dans son rôle d'émissaire, il n'hésitait pas à mêler flatteries et mensonges quand cela permettait de faire avancer les choses et d'éviter les problèmes, pour lui mais surtout pour ses hommes. Encore que, on ne pouvait appeler cela flatteries, car bien qu'il espérait faire plaisir à cette jeune femme par ses paroles, il ne pouvait s'accuser de mentir sur ce qu'il disait, hormis son faux statut.

- J'espère en tout cas ne pas avoir été désagréable. J'avoue m'être un peu emporté tout à l'heure, peut-être cela vous a-t-il choqué ou déplu? Quoi qu'il en soit, j'aimerais avoir l'honneur de visiter en votre compagnie ce village. Le calme et la joie de vivre que j'y ressens me donnent envie d'en apprendre plus sur cet endroit et de découvrir les spécialités locales.

Kellran n'était plus du tout inquiet. La plupart de ses armes étaient restées dans sa cabine, le cimeterre, l'arc, la lance, le bouclier, il ne portait sur lui que ses fameux Katars, armes dangereuses et sournoises comme des serpents, et sa dague. Il savait se défendre seul, au corps à corps mais aussi avec la force d'Horus, le légendaire et puissant rayon de lumière destructeur. Mais plus que tout, il avait confiance en cette jeune femme, qui sait pourquoi?

Un sourire radieux éclaira le visage du jeune homme alors que la "négociatrice" parlait.

- Eh bien, nous le visiterons ensemble dans ce cas. Ca n'en sera que plus drôle.

Oui, malgré ses responsabilités, malgré son statut, malgré tout cela, il restait un jeune homme qui n'avait pas vraiment connu les joies de l'adolescence bien qu'il ait été privilégié comparé à certains. Il gardait parfois une part de gaminerie en lui, quelques instants réservés à de rares personnes, et qui se voyaient souvent lorsqu'il découvrait de nouveaux horizons. La jeune femme le pria de la suivre et commença à marcher, mais le Pharaon avait encore un petit détail à régler avant de partir à la découverte des lieux.
Spontanément, il se pencha et attrappa la main de la jeune femme pour la retenir.

- Attendez, j'ai quelque chose pour vous.

Oups, deux boulettes en à peine deux secondes, là le souverain venait de faire fort. Il lâcha brusquement la main de Kanone, son visage affichant étonnement ainsi qu'une certaine gêne. En plus de cela, il venait de dire qu'il avait quelque chose pour elle.
Grossière erreur tactique.

- Excusez-moi pour mon insolence. Je voulais dire... mon pharaon m'a chargé d'offrir un petit quelque chose à l'intention de l'émissaire qui nous accueillerait, ainsi qu'à votre Impératrice, en signe de ma bonne foi. Ce n'est rien, juste des petites provenances de notre Empire.

Le Général revenait, chargé de tissus. A sa suite, trois hommes de l'équipage portant caisses et rouleaux. Ils déposèrent cela sur le quai et s'inclinèrent avant de repartir.
Kellran ouvrit l'une des caisses et prit dedans une magnifique robe cousue main par cinq couturières réputées parmi les meilleurs d'Egypte. Le lin, la soie et l'or venaient se mêler gracieusement, formant kaléidoscope de couleurs magnifiques et éclatantes. Il la tendit avec grand soin et respect pour le travail magnifique des couturières, la montrant à la jeune femme.

- Des robes de grande qualité, cousues spécialement pour ce jour. Une caisse est pour l'Impératrice, l'autre pour vous si vous acceptez ce modeste présent. Elles sont adaptées à notre climat, j'en suis désolé, nous ne connaissons pas l'hiver rigoureux que le nord de votre Empire subit selon les saisons.

Deux caisses donc de vêtements féminins, comme si le Pharaon s'était douté dès le début qu'il serait accueilli par une femme. Encore une fois, hasard de circonstances, ou intuition?
Il replia soigneusement la robe et la posa délicatement dans la caisse qu'il referma. Il posa ensuite la main sur la troisième.

- Dans celle-ci se trouvent des petits exemples de nos oeuvres d'art, bijoux, statues, mais aussi parfums et épices...
J'espère que votre souveraine appréciera, j'en serais attristé si ce n'était pas le cas.

Il n'était pas nécessaire d'expliquer la fonction des rouleaux de tissus, éprouvettes du vaste savoir-faire d'Egypte. Souriant comme toujours, il affichait malgré tout certains gestes de gêne quant à son action passée. Il n'était pas dans ses habitudes d'agir si brusquement, et d'être aussi intime avec une inconnue. Pour briser cette gêne, il fit un geste en direction du village.

- Voilà, je pense que j'ai fini. Si nous allions le visiter, ce fameux village? proposa-t-il gentiment.

Le Pharaon put être pleinement satisfait lorsqu'il vit sur le visage, dans les gestes et dans les yeux de la jeune femme l'émerveillement et l'ébahissement à la vue des offrandes qu'il avait fait venir de son Empire.
Le pire? Il n'avait rien apporté de vraiment exceptionnel. Bien entendu, rares étaient les robes cousues à partir de tissus si rares et délicats, décorés par des fils d'or soigneusement tressés, mais la qualité du travail n'était pas le fruit d'une quelconque envie d'impressionner la Romaine.
Non, chaque femme de son empire pouvait se vanter de porter des robes d'aussi bonne qualité, solides et éclatantes. Le Pharaon lui-même avait fait en sorte d'apporter à son peuple les matières capables de le combler pour des prix minimum, et il avait pleinement réussi.
Encore mieux? Si un accord était obtenu entre Rome et l'Egypte, le prix diminuerait encore, et de nouvelles matières pourraient être importées et exportées.
Mais bref, oublions l'accord, oublions la politique et le statut. La jeune femme étai enfin prête à visiter, et Kellran s'apprêtait à la suivre, confiant et joyeux de ce voyage agréable, lorsqu'une petite bande d'enfants locaux vint le priver de sa compagne de visite.
Jouer et s'amuser, quoi de mieux pour des jeunes pleins de vie?

*Quel spectacle merveilleux*

Le souverain ne put s'empêcher de sourire en les voyant ainsi rire et crier, apportant le bonheur et la lumière dans des vies parfois sombres.
Quelle tristesse d'imaginer que la guerre détruisait tout cela, n'apportant que mort et destruction, tristesse et pleurs, souffrances et flammes. Non, il fallait préserver de tels moments, en profiter et ne plus les oublier.
Que dire de la suite? Kellran riait, moins fort que les enfants et que Kanone, essayant de se faire discret parmi ce peuple qui n'était pas le sien mais qu'il appréciait déjà.
Il riait, et bien évidemment, il ne vit pas venir le petit accident qu'il aurait pourtant du sentir à des lieues à la ronde. La négociatrice qui tournait, tournait jusqu'à plus soif, perdit l'équilibre et eut le réflexe de s'accrocher.
A lui en l'occurence...

*Mais...*

Malgré sa légèreté, le jeune homme ne put la retenir et fut entraîné dans sa chute qui se solda par un beau plongeon dans la mer.
Les enfants devaient sans doute bien, devant ce spectacle digne de bouffons au service d'un roi, et Kellran aurait ri lui aussi du ridicule de cette scène.
Mais Kanone ne semblait pas à l'aise dans l'eau, et encore c'était peu dire. Elle se débattait pour ne pas couler, Kellran savait reconnaître une personne en difficulté, une qualité sans doute?

*Elle ne sait pas nager?* comprit-il avec effroi.

Il ne perdit donc pas de temps et prit la main de la jeune femme avant de hisser son bras sur ses épaules, la soutenant solidement et pourtant avec douceur, avant de nager d'une main vers un petit escalier taillé dans la roche des blocs formant la digue.
Lorsqu'il fut arrivé, il prit Kanone par les hanches et la souleva pour l'asseoir sur la première marche de l'escalier. Là, il s'acrocha lui-même à la marche, ne restant à la surface que grâce à ses agiles battements de jambe, clignant des yeux à cause du sel de mer qui lui piquait affreusement et laissait un gout horrible dans sa bouche.
Il toussa, essayant d'évacuer l'horreur de ce gout, puis demanda:

- Vous allez bien?

Eh bien finalement ce petit accident avait eu quelques points positifs.
Hormis le fait qu'une jeune femme ait failli se noyer, faudrait-il dire, mais bon...
Déjà, les enfants n'avaient pas manqué de trouver le spectacle hilarant.
Non mais sérieux, voir deux grandes personnes tomber comme des ivrognes dans l'eau, accrochées l'une à l'autre comme un jeune couple, qui ne rigolerait pas?
Ensuite?
Kellran avait eu l'occasion de goûter au délicieux sel marin d'Espagne, quel honneur, quel bonheur...
L'Egyptien continuait à cracher, de manière discrète et la moins vulgaire possible, mais il ne supportait pas une telle quantité de sel dans sa bouche. Et ce, malgré son appétit pour les viandes bien épicées.
Autre point positif, il put profiter de la température agréable de l'eau, une température aussi confortable que celle que l'on trouvait dans les eaux d'Egypte. Le Pharaon n'était donc pas dépaysé, lui qui adorait se baigner l'après-midi dans les flots du Nil ou de la Mer Méditerranée, à Alexandrie.
Enfin, il eut le plaisir de devenir l'espace de quelques secondes un preux chevalier sauvant la belle princesse des griffes d'un monstre déchaîné, en l'occurence les vagues de Mer Méditerrannée dans ce cas-ci.
La belle princesse s'inquiétait par ailleurs de la santé de son sauveur, ce qui ne manqua pas de faire sourire le Pharaon, toujours enclin à la bonne humeur.
Il leva un bras et le secoua, signe qu'il allait parfaitement bien.

- Mais oui, ne vous inquiétez pas, j'ai déjà fait cela tellement souvent.

Un mensonge évidemment, mais qui avait le mérite d'être drôle... enfin selon l'humour parfois étrange de ce cher souverain, bien entendu. Il réussit à se hisser à la force de ses bras sur la marche, juste à côté de la jeune femme qui parlait maintenant avec les enfants.
Elle proposait de recommencer la blague, et l'on voyait la taquinerie se peindre sur son visage. Il n'aurait plus manqué qu'elle tire la langue pour que Kellran éclate de rire.
Il répondit avec autant de taquinerie et un sourire à faire fondre n'importe quelle Egyptienne.

- Nous pourrions inverser les rôles la prochaine fois. Cela serait une joie si vous me sauviez une fois, vous savez.

Il lui adressa un clin d'oeil et se leva, gravissant les quelques marches puis lui tendit la main pour l'aider.

- Allons nous sécher avant d'attraper froid. Le temps se couvre on dirait, remarqua-t-il en regardant le ciel, ou des nuages sombres s'amoncelaient. Une tempete se préparait sans doute, et Kellran avait ses pensées tournées vers ses hommes cloitrés dans les navires à une certaine distance des côtes. Il se promit d'aller vite voir le Général, qu'il envoie un messager ordonnant le retour des flottes au Caire. Le Pharaon était maintenant rassuré et avait confiance, ses soldats étaient devenus inutiles.

Les enfants n'avaient pas fini de s'amuser. Après un petit spectacle de cirque, ils voulaient maintenant imiter leurs "clowns" et sautèrent à l'eau. Bien entendu, la jeune femme qui n'avait pas encore gravi les marches en fut pour ses frais. Et une jolie petite vague qui l'aspergea de la tête aux pieds.
Kellran, lui, eut droit à un petit rafraichissement de sa main droite toujours tendue. Décidément, le sel de mer lui manquait tellement...
Il dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas rire de nouveau en voyant sa compagne de visite de nouveau trempée. Elle allait adorer l'eau si ca continue.
Mais, pour la plus grande joie du jeune homme, elle souriait toujours et semblait parfaitement heureuse. Voilà qui pouvait lui faire plaisir.
Une pensée fugace le traversa, celle des guerriers ne pensant qu'au combat, qui disaient:
"Rien de plus beau que la vue d'un ennemi qui agonise".
Il n'avait jamais adhéré à cette philosophie, maintenant moins que jamais.
Il n'empêche qu'il fallut bien mettre fin à tout ce bonheur, la tempête approchait à grands pas. Il aida deux des enfants à sortir de l'eau, la jeune femme aidant les deux autres, et leur sourit lorsqu'ils coururent rejoindre leur maison.
Qui sait ce que deviendrait l'avenir de ces enfants, les espoirs de la nation. Seraient-ils soldats ou forgerons, potiers ou philosophes, fermiers ou pêcheurs?
Que de questions sans réponse...
La "seconde" proposa alors d'aller au village et Kellran acquiesca:

- Vous avez raison, ces nuages ne me disent rien de bon.

Il fit un geste de la main, indiquant de passer devant. Les femmes d'abord disait-on. Et puis, il n'était pas chez lui ici, alors quoi de plus normal.
Bien entendu, une question survint alors que le Pharaon aurait préféré éviter. Il se doutait qu'elle serait posée, il pensait même qu'elle surviendrait plus tôt dans la conversation.
Réfléchissant, Kellran mit plusieurs secondes à répondre, cachant sa réflexion par une torsion de ses vêtements pour enlever l'eau qui les imprégnaient.

- Je m'appelle Whedon, Whedon Höunien.

Un nom faux, bien évidemment. Kellran connaissait le dénommé Whedon, ancien soldat des armées de la Cour, mort lors de la chasse des prêtres de Seth des temples souillés par leur Dieu malveillant.
Ce Whedon avait fait preuve d'un immense courage en chargeant les prêtres malgré les pouvoirs que ceux-ci possédaient. Il n'avait pas hésité, et les maudits n'arrivèrent pas à prendre le contrôle de son âme. Il en tua trois, avant que deux autres ne le tuent lâchement à coups de poignards sacrifiels.
Un monument commémorait maintenant son acte héroïque sur la place de son village natal. Son nom était retranscrit dans les papyrus officiels de la bibliothèque d'Alexandrie.
Mais bref, revenons au présent.
Il avait dit son nom, alors le droit lui revenait d'obtenir la pareille.

- Et vous, aurais-je l'honneur de connaître votre nom? demanda-t-il en inclinant légèrement la tête comme on voyait les hommes faire lorsqu'ils demandaient à leur femme une danse.

*Alexandra Sophitia Lelmillius*

Un nom typiquement romain, se disait le Pharaon. Il avait remarqué que beaucoup de noms terminaient par -us à Rome, et par -is ou -as en Grèce. Ca l'avait toujours fait rire.
Après tout, en Egypte, le -ep était à l'honneur, non?
Quoi qu'il en soit, Alexandra ne manqua pas de le taquiner sur son geste, qui rappelait celui des danseurs.

~ Ce serait avec plaisir. Toutefois, ne trouvez-vous pas qu'une danse serait préférable à l'intérieur? ~

Il ne put s'empecher de sourire. Décidément, elle avait le sens de l'humour, et en plus sa compagnie était tout sauf désagréable.
Malheureusement, la pluie arrivait maintenant, apportant ses bienfaits mais aussi les petits désagréments qui faisaient que beaucoup n'aimaient pas se trouver dessous. En Egypte, on aimait beaucoup la pluie. Elle arrosait les cultures, les faisait pousser, mais elle provoquait aussi la crue du Nil qui pouvait etre mortelle à nombre d'habitants.
Bref, Alexandra proposa d'aller s'abritter dans une auberge, et Kellran approuva cette décision d'un hochement de tête.
Voyant qu'elle l'attendait, il se mit à courir et l'entraîna dans sa course comme un jeune garçon plein de vitalité, comme les enfants de tout à l'heure.
Il poussa la porte de l'auberge et démontra une fois de plus sa galanterie en laissant la jeune femme passer devant lui. Il faisait chaud et doux à l'intérieur, un feu crépitait fortement dans une cheminée de pierres brutes. Une dizaine de tables en chêne s'alignaient pour accueillir les clients, réparties près des piliers soutenant les poutres du toit.
Oui, Kellran avait remarqué ces détails dès son entrée. L'architecture, il adorait.
Comme tout bon gentleman, il aurait aimé mettre une couverture chaude autour des épaules de sa jeune amie, bien entendu, il n'en avait pas sous la main.
Aussi profita-t-il de l'intelligence qu'il avait eue d'échanger la monnaie égyptienne contre des pièces romaines, et alla vers le tavernier.

- J'aimerais deux couvertures et deux tasses de vin chaud silvouplait. Pouvons-nous nous asseoir près du feu, la pluie nous a prise par surprise?

Inutile bien évidemment d'expliquer la situation réelle de leur état. Une chute dans la mer à la suite d'une perte d'équilibre avait déjà assez fait rire pour aujourd'hui, non?
Le tavernier acquiesca, honoré de voir des gens de cette qualité dans son établissement. Car Kellran portait toujours sur lui sa couronne d'or et ses apparats.

- Bien entendu, installez-vous, je vous apporte cela tout de suite.

Le Pharaon le remercia d'un sourire et d'un signe de tête. Sympathique, ce tavernier, décidément il appréciait de plus en plus ce village. Retournant auprès de la "seconde" de l'impératrice, il lui expliqua:

- Venez, allons nous réchauffer près du feu.

Autant une proposition qu'un ordre, car en aucun cas il n'aurait laissé cette jeune femme attraper froid. Le tavernier arriverait bientot avec les couvertures, le plus vite possible étant le mieux.

Eh bien, aussi vite arrivée, aussi vite partie se disait le Pharaon en voyant Alexandra se lever brusquement alors qu'elle s'asseyait à peine.
Que se passait-il donc pour que la jeune femme soit aussi pressée?
Il la suivit du regard, alors qu'elle se dirigeait au comptoir et parlait avec le tavernier.
Les chuchotements ne lui échappèrent pas, même s'ils étaient désormais hors de vue, et cela troubla légèrement Kellran.
Il ne pensait pas à un complot contre lui, non, il ne fallait pas être paranoiaque non plus, mais quand meme, ca avait le mérite d'être étrange.
Elle revint quelques secondes plus tard, portant les couvertures et en donnant un au jeune homme qui cacha son étonnement derrière un sourire.

- Merci, j'aurais pu aller les chercher moi-même vous savez, il était inutile que vous vous leviez.

Acceptant malgré tout avec joie, il s'enroula dans la couverture et, voyant qu'elle faisait de même, il se permit d'aller derrière elle pour la frictionner attentivement.
Quoi de mieux et de plus rapide pour se réchauffer qu'un feu et une friction?
Espérant qu'elle ne prendrait pas cela pour une quelconque insulte, après tout il ne connaissait pas l'entiereté des coutumes romaines, il décida de faire la conversation par la même occasion.
Mais le tavernier choisit ce moment pour leur apporter leurs vins chauds, déposant le plateau supportant les tasses à coté d'eux avant de s'en aller.
Kellran prit une tasse et la posa devant Alexandra, puis la sienne qu'il délaissa pour entamer cette fameuse conversation.

- J'aimerais savoir... Je n'avais pas prévenu de mon arrivée dans ce village. En réalité, je comptais parler au gouverneur de cet endroit. Comment se fait-il que j'aie eu la chance de tomber sur vous, la seconde de l'Impératrice en personne?

Rien dans sa voix n'indiquait les soupcons qu'il portait sur le statut réel de la jeune femme. Non vraiment, le Pharaon jouait parfaitement le jeu, et il espérait que son masque ne tomberait pas sans qu'il le décide lui-même.
Ce jeu flattait autant son ego, son talent de comédien étant mis à l'épreuve, mais avait aussi le mérite de l'amuser et même de rendre les choses un peu plus naturelles.
S'il avait révélé son statut de Pharaon, aurait-il pu s'amuser autant en compagnie de cette jeune femme? N'aurait-elle pas agi de manière différente envers lui?
Qui sait, les gens sont souvent si faux envers les souverains et les personnes importantes...

Kellran sourit et se rassit à sa place, prenant entre ses doigts fins la tasse de vin chaud avec laquelle il se réchauffa les mains.
Il but une gorgée, profitant et savourant la douce chaleur du breuvage.

*Un rapport... Oui, c'est plausible*

Fixant sur la seconde de l'Impératrice un regard pénétrant, il comprit bien vite qu'elle allait changer de sujet.
Et effectivement, son intuition ne le trompa pas. Elle posa une question sur son pays, question qui devait bien arriver à un moment où un autre, ne fut-ce que par curiosité.
Et, à ce que Kellran sentait, elle avait l'air de s'y intéressant avec sincérité.
Joyeux, il réfléchit à ce qu'il pourrait bien en dire, sans trahir son statut.
Ce fut donc avec un plaisir évident qu'il commença à décrire sa patrie:

- Par où commencer... Disons que l'Egypte a subi une profonde évolution depuis quelques années. Sous le règne d'Anhoutep Ier, les richesses du pays étaient consacrées à de vastes monuments dédiés à la gloire de la nation. Oh, bien sûr, on pouvait être fiers de ces monuments, mais ils furent construits au prix de nombreux efforts qui affaiblissaient les égyptiens. Notre Pharaon actuel a changé cela, et les travaux forcés ont été abolis.
En une dizaine d'années, des routes ont relié les grandes villes de l'Empire, inspirées de votre culture. Des relais furent établis tous les quinze lieues, avec écuries et auberges permettant aux voyageurs de se reposer et aux messagers d'arriver à bon port.
Mais bref, plus que cela, notre art s'est étendu sous différentes formes. L'agriculture est l'une des parties qui se développent le plus vite, et rares sont les égyptiens qui meurent de faim aujourd'hui. Nous avons aussi entrepris la rénovation des anciennes pyramides de Gizeh grâce à des matériaux plus solides. D'autres pyramides, moins majestueuses, se sont élevées aux alentours de celles-ci, formant des nécropoles majestueuses.

Reprenant son souffle, le Pharaon était visiblement fier de ce qu'il avait accompli. Et il pouvait l'être, car ses actions forçaient l'admiration de son peuple. N'oubliant pas sa petite comédié, il continua:

- Mon souverain a ouvert un commerce avec de lointains pays, important du vin, des tissus et des épices exotiques qui renflouent notre marché, le tout à des prix accessibles à tous. Nos architectes ont trouvé une nouvelle occupation, au lieu de s'occuper des monuments funéraires, ils travaillent à la construction de puits, de moulins, de mines...
Vous l'avez compris je crois, de tels chantiers demandent une main d'oeuvre nombreuse, et chaque ouvrier est payé comme il se doit pour son travail.

Se souvenant d'un détail important, il leva la main et faillit faire tomber sa tasse. Un pur réflexe lui permit de la rattraper à temps, sans en faire tomber une goutte. Soufflant, il se permit un rire un peu gêné.

- J'ai toujours été assez maladroit, malheureusement. Bref, j'oubliais de dire que notre empire a récemment accueilli en son sein un peuple assez différent du nôtre. Ils ont une peau aussi noire que des plumes de corbeau, et s'expriment dans une langue assez grave et rythmique. Ce sont de fiers guerriers, forts, impétueux, courageux, avec lesquels nous nous entendons maintenant à merveille.
Le Pharaon leur a laissé leurs terres et leur a envoyé des architectes, des philosophes, pour partager avec eux notre savoir et nos idées. En échange, ils surveillent et protègent nos frontières du Sud.

Alors qu'il parlait, le Pharaon ne remarquait pas la série de petits événements qui se passaient près de lui.
Il aurait sans doute bien ri en voyant la seconde de l'Impératrice se brûler avec la tasse de vin chaud, encore qu'il lui aurait immédiatement demandé si elle avait eu mal.
Gentleman avant tout, non?
Malheureusement, capable de soigner des brûlures aux mains, il aurait sans doute eu des difficultés avec la langue, à moins de la tirer en dehors de la bouche bien entendu.
Quoi qu'il en soit, Kellran parlait, parlait, parlait encore de son pays. Il était lâché, il était motivé, il était parti dans ses explications.
Quelle ne fut donc pas sa joie de constater, lorsqu'il eut fini, que son interlocutrice semblait vraiment intéressée par ce qu'il venait de dire.
Intéressée au point de poser ses mains sur les épaules du jeune homme. Le souverain était étonné, bien qu'il eut réussi à le dissimuler.
Etait-ce un signe d'amitié?
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir qu'Alexandra criait.

~ Hiii! Une souris! ~

Le Pharaon sursauta. Il ne s'attendait pas à un tel cri, et ses réflexes faisaient qu'il entrait en action à la moindre alerte. Ses cinq ans d'entrainement avec son mentor, ancien garde du corps et maintenant ambassadeur d'Alexandrie, portaient leurs fruits.
Son regard se tourna immédiatement vers l'endroit d'où devait venir la souris, mais il ne vit rien de suspect.
Il hocha légèrement de la tête.

*Les femmes et leur phobie des souris*

Elle rougissait maintenant, prenant le plongeon de tout à l'heure comme une excuse à l'illusion qui lui avait fait voir une souris.
Bon, heureusement, ils étaient les seuls clients de l'auberge, sans quoi ils seraient devenus le centre de l'attention.
Un nouveau soupçon prenait naissance dans l'esprit sans cesse aux aguets du jeune homme. Quelle était la raison réelle de cette petite comédie?
Secouant de nouveau la tête, il se décida à répondre:

- Ce n'est rien, c'est sans doute la fatigue qui vous fait cet effet-là. Peut-être devriez-vous aller vous reposer? Nous pourrons continuer cette charmante conversation demain matin, je pourrai même vous faire visiter nos navires?