Débarquement soudain

Me voyait-elle ? Je me pose encore la question. Je pense que oui car la lune rayonne particulièrement bien ce soir. Je rougis encore encore plus mais continue de la regarder. Elle détourne le regard, mais pas moi. Elle remonte son pantalon pour tremper ses pieds. Quelle drôle d'idée ! Voulait-elle rester éveillée toute la nuit ?
Mes pensées partaient à présent je ne sais où, me plongeant dans un sommeil éveillé. Puis un cri me tire tout d'un coup de mon amorphie. Le vent porte loin ici. Était-ce la Reine qui avait crié ?
Je décide d'aller voir, prenant mon épée à ma taille au cas où. Le couloir était silencieux depuis un bon moment déjà. On peut entendre à présent des ronflements variés. Mes pas étaient léger pendant ma descente des escaliers en colimaçon. Je sors du palais discrètement mais deux gardes me bloquent le chemin et me demandent où je vais. Je leur répond que je vais me balader sur la plage.
Après concertation, l'un d'eux m'annonce que c'est bon.
Je sors du palais et me perd dans les rues...C'est bien ma veine ça !
Arrivé une fois aux remparts, je quitte la ville pour me diriger vers la plage...

Je grelotte au bord de l'eau. Je ne peux vraiment plus bougée maintenant. Mes vêtements mouillés me donnent l'impression de peser une tonne. J'essaye de me rapprocher de ma lanterne, sans succès. De toute façon, ce n'est pas avec le maigre feu de celle-ci que je vais me réchauffer. Mais il faut absolument que je bouge, sinon mes membres commenceront à se rédire pour de bon. J'essaye de bouger mes orteilles, devenus étrangement blancs. Je veux me débarrasser de ces foutus vêtements qui ne font rien d'autre que me geler encore plus, mais c'est au-dessus de mes forces à présent. Je me laisse basculer sur le sable, recroquevillée sur moi-même, espérant que quelqu'un vienne me chercher.
Je secoue la tête et me résonne : personne ne viendra me chercher ! A cette heure-ci tout le monde dort et personne n'a vu que je suis partie. A part le Roi peut être ... Inconciemment, j'espère qu'il a vu la scène, bien qu'elle ne soit pas très glorieuse. Si je reste jusqu'au matin comme ça, je ne risque sûrement pas de voir le soleil se lever.
Je tends mes doigts devant ma bouche et essaye de souffler dessus pour les réchauffer. Geste inutile, je n'ai plus aucune sensation ... ils sont tout raides et n'arrivent pas à se réchauffer. Je laisse retomber ma main et combat pour rester les yeux ouverts. Si je m'endors, tout est fichu.

J'avance de plus en plus vers la plage au niveau des galets : personne. Je mène mes recherches plus loin, en essayant de repérer ma chambre. J'avais pris une couverture avec moi, le vent était frais à cette heure-ci, pire qu'en Grèce ainsi que la lanterne que la Reine avait oublié Je me dirige directement vers l'eau, repérant ma chambre de temps en temps pour ne pas m'égarer. Quelques minutes plus tard, j'apercevais une silhouette allongé sur le sable. J'accélère le rythme de ma marche et arrive devant cette fameuse personne, éclairant son visage à l'aide de la lanterne.
C'était la Reine ! Elle était toute tremblante. Je regarde autour de moi, personne. Ses habits étaient trempé. Avait-elle été avalée par une grosses vague ou l'avait-on poussé ?
Pleins de questions trottaient dans ma tête à ce moment là. Je ne sais si la Reine avait perdu connaissance, regardant au loin comme si j'allais trouver quelqu'un...

Plusieurs minutes s'écoulent sans que je ne puisse rien faire. Je me dis qu'il ne faut pas perdre espoir, mais le froid est tellement présent ... Peu à peu, mes paupières se ferment et je n'ai pas assez de froce pour les soulever. Par contre, mes oreilles fonctionnent encore très bien et j'entends des pas sur le sable. Comme si j'avais reçu un coup de jus, mon coeur se met à battre plus vite. Bientôt, une lumière apparaît devant mes paupières fermées. Je tente d'ouvrir un oeil et reconnait immédiatement la personne présente.
J'ouvre ma bouche pour sortir, presque en murmurant, la voix tremblante, un vague :

" Merci ... "

Puis, trop tentée, je m'endors profondément, sachant que j'allais m'en sortir maintenant. Un petit sourire se forme discrètement sur mon visage et je me laisse emportée dans les bras de Morphée pour de jolis rêves ....

Un déclic se déclenche d'un coup en moi. Pourquoi chercher quelqu'un, qui ne doit pas exister ? Mieux valait aider la reine qui avait surement froid. Ses habits sont trempés. Ses domestiques s'occuperont d'elle, j'étais pas là pour entrer dans un conflit avec son peuple s'il la voyait nue dans mes bras...
J'enlève ma couverture pour l'entourer autour de Jill. Ma cape me suffisais et c'était pas le moment de faire son craintif. Après tout, c'est que du vent.
Je la soulève pour la prendre dans mes bras en lui répondant :

"De rien."

Le rythme de sa respiration stagne et je devine qu'elle s'était endormit, étirant un petit sourire sur mes lèvres. Nous rentrons aussi vite que mes jambes le permettaient au palais. Cette fois les gardes ne me posaient aucune question, trop occupé à me dire d'aller la mettre dans sa chambre.
Je m'exécute de suite, quelques domestiques sur mes talons. Arrivé enfin à sa chambre, je la dépose doucement avant de partir, la laissant aux soins des gouvernantes du palais. Je descends tranquillement les escaliers et retourne dans ma chambre, pour me coucher. Mais je n'arrivais toujours pas à dormir...

Drôle de rêve ... Je marche le long d'une falaise. Je n'ai que cinq ans et mon père est à mes côtés. Le vent souffle sur les folles herbes qui se plient devant nous. Je ris en écoutant ce que me dit Père. Un papillon s'envole devant moi, et, en bonne petite fille, je lui cours après, ignorant les remarques de Père. Mes pieds survolent le sol et mes jambes me permettent de rattraper le papillon qui se rapproche du bord. N'ayant aucune idée du danger, je continue ma course, n'entendant pas les paroles de Père déviées par le vent. Un craquement assourdissant retentit sous mes pieds et la terre cède, me jetant dans le vide. Le vol dure de longues secondes qui me paraissent une éternité. Le sol se rapproche à une vitesse terrifiante. Un cri aigu sort de ma bouche et je tente de me protéger le visage de mes mains.

...

Je me réveille d'un sursaut, en nage. Mes yeux se referment, puis se rouvrent prudemment : la lumière leur fait mal. Une fois habituée, je les ouvre et regarde autour de moi.

" Aliéna ? "

Mon amie hoche de la tête et prends ma main dans la sienne. Une douce chaleur m'envahit.
" Oui c'est moi, ne vous inquiétez pas vous êtes saine et sauve. Vous vous rappelez ? "

Je fronce les sourcils et les images de cette drôle de nuit refont surfassent. Je lui fais signe que oui et m'aperçois qu'il fait encore nuit.

" J'ai dormi longtemps ? "
" Non, le Roi vient de vous déposer il y a à peine une heure. "

J'écarquille les yeux et saute hors de mon lit sous le désacord d'Aliéna. Elle tente de me retenir, mais j'enfile ma cape par dessus la chemise de nuit que l'on m'avait mise. Je descends à l'étage d'en-dessous et m'approche de la chambre de Kratos sans bruit. Je toque doucement à la porte, au cas où il se soit endormi.

Les derniers évènements de cette soirée passent sans arrêt dans ma tête. Je me tourne sans cesse pour trouver le sommeil mais impossible, trop d'images sont en moi cette nuit là. J'avais reposé mon épée contre un mur lorsque j'étais revenu de la chambre de le Reine. Je ne sais pas pourquoi elle avait voulut se tremper les pieds, mais ça avait faillit lui coûter la vie...
Je ne sais pas pendant combien de temps nous allons rester ici, mes hommes et moi mais pas trop longtemps, ne voulant pas abuser de l'hospitalité viking. Je bois un verre d'eau puis remet mes bras derrière ma tête, regardant au loin le paysage.

Puis on toque à ma porte. Je soupire intérieurement m'attendant encore à un de mes soldats venant se plaindre d'un autre... Que des querelles d'enfants. Je me contente de répondre :

"Entre."

Il me dit d'entrer. Tient ?! Il me tutoies maintenant ?! Bizarre ... Je pousse donc la porte en abaissant la poignée et glisse ma tête, puis tout mon corps dans la pièce. Je regarde Kratos, les bras en guise d'oreiller derrière la tête. Je lui souris timidement et incline ma tête. Je lui dis d'une voix faible, pour ne pas réveiller ses soldats.

" Je vous remercie, vraiment ! Je ... j'ai perdu l'équilibre. Une imprudence de ma part ... Je suis désolée de vous avoir causé du soucis en pleine nuit. Vous n'avez pas encore dormi ... Je peux annuler pour demain matin si vous voulez ... "

Je peux encore débiter pleins d'excuses du genre, mais préfère me calmer et laisser le Roi en paix. Je guette une quelconque réaction de sa part, les joues légèrement rouges, gênées de ma bêtise.
Il m'avait quand même sauvé la vie !

Une tête apparait. Le problème, ce n'était pas celle d'un spartiate ! Mais le doux visage de la reine...
Je me relève d'un coup, étonné et honteux. Je croyais qu'elle dormait...

"Je...Je suis désolé. Je croyais que c'était un de mes soldats, et je les tutoies, je suis navré. Vous n'avez pas à vous justifier, vous faisiez ce que vous vouliez. Et ce n'est rien si je me suis fait du soucis . Je suis désolé si vous avez cru que je vous espionnais, ce n'était pas le cas, fin pas méchamment... Non pourquoi annuler ? A moins que vous vouliez dormir demain matin il n'y a aucun problème."

La situation aurait été comique pour quelqu'un d'extérieur. On se présentaient chacun des excuses, et pour ajouter une couche, je rougis soudainement. Je ne sais plus quoi dire, plus quoi faire à ce moment là, à part regarder mes pieds...

Je souris, amusée qu'il présente autant d'excuse que moi. Je secoue la tête de gauche à droite, gardant mon sourire sur mes lèvres.

" Bon on maintient pour demain alors ! Encore merci de m'avoir sauvé. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, j'ai déjà assez mouvementé votre nuit ... Désolée du dérangement et à demain "

Je le vois rougir aussi. Normalement à cet instant précis, j'aurais du me retourner et sortir de cette chambre. Mais quelque chose fait que mes jambes ne veulent plus fonctionner. C'est alors que je remarque sa tenue, rougissant de plus belle. Dans la pénombre qui reigne dans la chambre, je peux voir les muscles saillants de son torse, illuminé par la lune. Je reste dans l'ombre et baisse la tête, ne voulant pas l'offenser de le regarder alors qu'il est dans cette tenue. Je ressere un peu ma cape autour de mes épaules et m'excuse une nouvelle fois.

Je répond à son sourire, puis fait une moue en la regardant.

"Pourquoi vous vous excusez ? Et vous n'avez pas à me remercier, c'est normal. N'importe qui l'aurait fait. Et non vous ne me dérangez pas du tout, au contraire, un peu de compagnie fait du bien."

Sur ces paroles je lui lance un sourire taquin, pour nier que j'ai copiais ses paroles. Je prend un verre propre et verse de l'eau fraîche dedans en lui tendant, de l'autre main soulève sa tête pour qu'elle me regarde tout en disant.

"Sauf si vous voulez partir."

Puis je réalise d'un coup ma tenue, un caleçon de soie... En la présence de la Reine c'était pas ce qu'il y avait de plus élégant certes. Je balbutie :

"Désolé pour l'accoutrement..je..je vais peut-être mettre autre chose."

Je rougissais toujour de plus belle.

Je lui souris encore, maintenant que je veux le remercier.

" Nan mais vraiment, ça me touche beaucoup que vous vous soyez occupé de moi. "

Je souris de plus belle en entendant sa dernière phrase et relève le menton sous son geste, le regardant dans les yeux. Je prends délicatement le verre d'eau dans ma main en le remerciant d'un petit sourire timide. Je fais non de la tête et commence à boire.

" Puisque vous ne pouvez pas dormir apparemment, ça ne me gène pas de rester. Merci pour l'eau. "

Je ris un peu en voyant sa réaction quand il réalise sa tenue. Je secoue encore une fois ma tête.

" Faites comme vous voulez, vous êtes dans votre chambre après tout. Ca m'a plutôt surprise, mais ça ne me gène pas. "

Comme pour contredire mes paroles, mes joues rougissent encore plus. Je bois une autre gorgée d'eau, essayant de reprendre mes esprits.

Je faisais non en l'entendant.

"Je ne me suis pas occupé de vous, je vous ai amené jusque dans votre chambre et après je suis partis."

Mon regard reste planté dans le sien un moment, puis le détourne. Je souris en la voyant prendre le verre d'eau.

"De rien pour l'eau et ça me fait plaisir que vous restez."

Puis je l'entend rire. Un rire léger et doux. J'examine bien sa réaction puis m'approche pour coller mes lèvres à son oreille.

"Pourquoi mentez vous ? Fallait le dire si ça vous gênez hein !"

Tout en lui soufflant ces quelques mot, je prenais ma cape et l'enfila, l'accrochant également autour de ma taille avec deux lanières de cuir prévu à cet effet.

" Oui, mais si vous n'aviez pas été là au bon moment, personne n'aurait jamais pu s'occuper de moi à l'avenir ... "

Il détourne le regard et sourit. J'aime tellement quand il sourit ... Comme si la clarté de la lune reflètait toute sa lumière sur ses dents pour qu'elles paraissent encore plus blanches qu'elles le sont déjà.

" Moi aussi cela me fait plaisir ! "

Quand il s'approche de moi, j'arrête de rire et me raidis d'un coup. Je sens mon coeur battre très fort dans ma poitrine. Peut être qu'il l'entend d'où il se trouve. Je sursaute légèrement en entendant sa voix et baisse à nouveau la tête honteuse et les joues en feu.

" Je suis désolée ... C'est vrai que ça me gêne un peu mais je pensais m'y faire ... et puis c'est votre chambre ... "

Je le regarde se recouvrir d'une cape, mon coeur continuant de battre à tout rompre. Pendant un instant j'ai cru qu'il allait m'embrasser ...

"C'est vrai que ça aurait été dommage..."

Je continue de sourire, essayant de me perdre dans son regard.

"Alors tout vas bien si ça vous fait plaisir. Asseyez-vous, n'hésitez pas. c'est votre château."

Je lui relève à nouveau la tête, le visage tout près du sien, le sourire toujours aux lèvres avant d'ajouter :

"C'est vrai qu'on a assez vu d'horreurs pendant les guerres, mieux vaut ne pas en ajouter. Et ce n'est pas ma chambre, c'est une chambre une vous me prêtez d'abord."

L'idée de l'embrasser me traverse soudainement l'esprit. C'est ce que je voulais...Mais me retint et éloigne petit à petit ma tête de la sienne, un petit sourire désolé aux lèvres comme si elle savait ce que je voulais faire...

Il replonge son regard dans le mien. Décidément, je n'arrive plus à m'arrêter de lui sourire ... Je rajoute, presque en chuchotant.

" Oui, cela aurait été dommage ... "

Puis, d'un ton ironique :

" Ca aurait gaché votre séjour ! A moins que ... "

Je laisse ma phrase en suspend, lui souriant de plus belle. Puis je fronce le nez à sa remarque.

" Qui a parlé d'horreurs ? Certainement pas moi ! Oui, je vous la prête mais pendant ce séjour ça sera la vôtre. "

Quand il me rélève le visage, je n'ai pas d'autre choix que de rester scotchée à ses yeux bleus. Il s'éloigne par la suite, avec un drôle d'air désolé ... Lui souriant pour lui dire que ce n'est pas grave. Ses lèvres avaient été tellement proches des miennes ...

Je fronce à mon tour le nez d'un air outragé.

"A moins que ??? "

Puis j'enchaine :

"Peut-être pas vous mais moi si j'en parle. Si vous le dites, je ne vais pas vous contredire."

Je souris, déçue. Je commence à divaguer moi, à part me prendre deux ou trois baffes, des insultes, il n'y aurait rien eu. Elle aurait cru que c'était pour parfaire ma proposition d'alliance alors que c'est faux. De nouveaux sentiments grandissent dans mon cœur, ce qui me fais tout bizarre et du mal en même temps. Après tout, il y avait peut-être quelqu'un dans sa vie, ou qu'elle espérait... Si seulement je savais ce qu'elle pensait...

" Non, rien. Il n'y avait pas de suite à ce que j'ai dit "

Je souris en le voyant froncer aussi son nez. Il était vraiment mignon comme ça ...

" Vous ne devriez pas ... Vous êtes bien loin d'être horrible, croyez moi. "

Je rejoins mes deux mains ensemble et serre mes doigts, un peu gênée d'avoir dit ça, bien que je le pense au plus profond de moi-même. Si ça se trouve, il allait me repousser ...
Il semble lui aussi se poser de questions. Mais je ne peux pas les deviner ... Dommage, cela aurait été beaucoup plus simple.
Je décide de bouger et marche vers la fenêtre. Je regarde unpeu dehors, puis me retourne vers Kratos et m'asseois sur le rebord de la fenêtre.

"Si vous ne seriez plus là, d'une part je m'en voudrais, et d'une autre vous m'aurez manqué."

Je rougis en prononçant ces paroles puis lui répond :

"C'est gentil ce que vous dites, merci..."

J'aurais bien aimé prendre ses mains dans les miennes...
Que pensait-elle ? J'espérais que ce soit comme moi, mais il ne faut pas trop rêver...
Je la rejoins au bord de la fenêtre, frôlant le dos de sa main avec la mienne avant de la poser sur le rebord, un petit sourire gêné aux lèvres. Je m'assoies ensuite à côté d'elle et la regarde, brûlant d'envie de déposer mes lèvres sur les siennes. Je décide de regarder ailleurs, histoire de ne pas aggraver la situation et de me laisser emporter par mes émotions. J'étais chez elle, j'ai fait un premier pas en venant sur ses terres, pas pour la même histoire certes, mais pourquoi ne ferait-elle pas un pas également...

" Vous aussi vous m'auriez manqué ... c'est sincère ! "

Je lui souris quand il rougit, pour essayer de lui montrer qu'il n'avait pas à être gêné.

" C'est peut être gentil, mais ce n'est encore une fois rien que la vérité. Donc de rien ! "

Je souris en sentant le contact de sa main sur la mienne, puis regarde ailleurs, un peu gênée aussi. Il attend peut être que ce soit moi qui fasse le premier pas ... mais je crains de ne pouvoir le faire. Je suis beaucoup trop réservée pour ça. Je me mors la lèvre inférieur et le regarde de profil, laissant mes yeux courir sur les contours de son visage.
Je tortille le tissu de ma cape entre mon pouce et mon index, reposant à présent ma tête sur le mur. Je glisse mes jambes de l'autre côté de la fenêtre et les balancent dans le vide, regardant toujours Kratos.

Je lui répond en souriant :

"Je vous remercie, même si je ne mérite pas autant d'éloges."

Je me doute que son caractère ne lui permettrais pas de faire le premier pas. Et le mien ne me le permet pas non plus...
Qu'est-ce qui est plus atroce que ce genre de situation ? Aucune je pense...
J'affiche un air déconfit, puis essaye de caché mon découragement en lui lançant quand elle passe ses jambes par-dessus le rebord de la fenêtre :

"Ne tombez pas, je ne sais pas voler."

Puis je fais demi tour pour aller prendre mon verre d'eau et boire un coup, tendant le sien pour savoir si elle en voulait encore. Je la regardais encore et encore, ne pouvant plus décrocher mes yeux des siens.

Je secoue encore la tête de gauche à droite tout en fermant les yeux, comme une petite fille.

" Si vous les méritez, croyez moi ! "

Je sais qu'il est déçu ... mais bon après tout ce n'est pas le but de sa visite. Sa mine me rends un peu triste et je pose une main sur l'une de ses cuisse avec un regard compatissant.
Je ris à sa plaisanterie et lui réponds :

" Ooooh quel dommage ! Et moi qui comptais sur vous pour me promener à travers les nuages ... "

Je baisse la tête et fais semblant d'être déçue avant de le regarder à nouveau et lui sourire de toute mes dents.
Je prends avec plaisir mon verre entre mes mains et ne bois pas encore tout de suite, le remerciant d'un sourire chaleureux.

Je fais un rire forcé avant de répliquer :

"Vous en faite un peu trop quand même, il ne faut pas exagérer."

Mes muscles se raidissent d'un coups en sentant sa main sur une de mes cuisses, et pose une main sur la sienne en souriant, et m'approchant de son oreille comme tout à l'heure :

"J'aurais bien aimée, vraiment... Je suis sincère mais les dieux ne m'ont pas donné d'ailes à ma naissance."

Je lui donne ensuite son verre d'eau tout en la regardant pour lui dire un "de rien" rien qu'avec les yeux. Je veux l'embrasser, mais en aurai-je la force ?... Je ne veux plus être l'homme sensible, c'est indigne d'un Roi, surtout au combat. Mais je voulais qu'il revienne...

" Tsss ! Je n'en fais pas trop croyez moi ! Enfin bon, passons ... "

Je sens ses cuisses se contracter quand je pose ma main dessus. Je le regarde ensuite en souriant quand il dépose l'une de ses mains sur la mienne. Ce doux contact me plait et je le laisse faire avec grand plaisir, recommançant à rougir lorsqu'il s'approche de mon oreille. J'en profite pour répondre à ce qu'il dit.

" Les Dieux vous ont sûrement donné d'autres choses encore meilleures alors ... "

Je souris doucement, étirant juste mes lèvres et lève mon verre jusqu'à ma bouche pour en boire une petite gorgée. Ses yeux brillants sont envoutants ... Je sais à présent que lui aussi veut la même chose que moi. Mais après tout, j'ai un peu peur. Je n'ai jamais vécu ça auparavent et cela fait tellement peu de temps que je suis au pouvoir que cela serait mal perçu ... Mais j'en ai tellement envie ...

Je souris à mon tour : elle ne repousse pas ma main. Sa peau est toute douce, et mon pouce se met à caresser le dos de sa main tout tendrement. Son regard est tellement attirant que même si j'aurais voulu détourner le mien du sien, je n'aurais pu le faire... Mon cœur commence à faire des bonds en moi, quel était ce sentiment si agréable et gênant à la fois ? Puis je rajoute, toujours à son oreille :

"Pourquoi rougissez-vous ? Et je ne vois pas ce que les Dieux auraient pu m'offrir de mieux que cela... Je ne suis qu'un Roi à la tête d'une grande armée et d'un beau royaume sans aucuns problème financier. Vous devez vous dire que la vie doit être belle mais quand on a de l'argent, on vous conseille de recruter pour envahir d'autres terres. Mais tant que je pourrais éviter de faire tomber des innocents je le ferais. Finalement à part faire tout ce que l'on veut, être à la tête d'un royaume n'est pas si différent qu'une vie normal."

Je la regarde boire avant de porter à mon tour mes lèvres au verre. Le liquide transparent me rafraichis la gorge d'un coup. Je n'avais même pas sentis qu'elle était toute nouée et toute sèche avant ce moment... Que dirait son peuple si ça se passait ? Que dirais le mien ? Le prendraient-ils bien ou tout le contraire...